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Snapshots of Hungary

La nuit touche à a sa fin, le jour se lève, peu à peu. Autour de moi, quelques dizaines de personnes, parfois les yeux bandés, parfois les mains posées autour d’un café chaud et brulant, ou parfois la tête penchante et le front en sueur collé contre la vitre d’un hublot raillé et flou. Autour de moi, des passagers, dans l’attente presque interminable de pouvoir sentir leurs pieds sur le sol, peut être même courir pour rejoindre l’autre, debout, impatient, nerveux et aimant.

 

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Et voila, il était là le moment que j’attendais depuis si longtemps. Le moment qui se faisait attendre, le moment où je pouvais enfin, en un court laps de temps, me dire « bientôt, bientôt, c’est pour bientôt ». Je revenais en Hongrie, 2 longues années notre 1ere rencontre, 2 longues années pendant lesquelles j’ai nourri l’envie secrète de revenir fouler cette partie du bassin des Carpates qui jusque la m’était restée inconnu.  J’avais moi aussi le désir de bousculer, vaille que vaille, les autres passagers de l’avion, condamné comme moi à attendre l’ouverture des portes et les 1eres foulées sur le tarmac de l’aéroport de Budapest.

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Quelques mois auparavant, ce fut avec surprise que je rencontrais, sur les bancs de la fac de la ville de Chambéry, au 1er jour du mois de septembre (et seulement 2 mois après ma 1ere rencontre avec la Hongrie) cet homme mal rasé parlant maladroitement français avec un accent “de l’est”. Quelle ne fut ma surprise quand je réalisais au bout de quelques minutes sa nationalité.

Au cours de mon séjour en Hongrie, je n’avais rencontré que peu de locaux. Programme d’étude oblige, je passais la majorité de mon temps avec d’autres étudiants étrangers, et hormis une courte histoire amoureuse avec un budapestois, je n’avais que peu de souvenirs du tempérament des habitants. J’avais gardé une image floue, et je l’avoue, un peu négative, de la nostalgie et du pessimisme hongrois. C’est donc avec plaisir que j’ai eu la surprise de découvrir un jeune homme sensible, curieux, ouvert et des idées à vous donner le vertige. Peter, ou Peti, de son petit nom, est un boute-en-train doté d’une énergie inépuisable et d’une joie de vivre qui frôle l’indécence : autant le dire, avec lui, on ne s’ennuit jamais, et on garde de chaque conversation ou presque cette dose de positivisme à nous faire jouir de la vie – ou en tout cas, a nous en faire apprécier sa valeur un peu plus. Notre passion commune pour nos pays natifs respectifs ont contribué à nous rapprocher: je lui apprenais des mots français familiers quand lui m’expliquait la phonétique et l’origine phonétique de la langue hongroise. Je lui faisais gouter les produits français quand lui me récitait le nom des hungaricums (les « produits typiquement hongrois ») rassemblant entre autre diverses liqueurs de pálinka, le saucisson « kolbász », le vin Tokay ou encore le « Erős pista » condiment au paprika bien relevé.

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C’est dans sans grande hésitation que je pris la décision de revenir à ce pays qui m’a vu éclore et m’a rendue plus ivre de curiosité qu’a cet instant dans ma vie. Et c’est sans grande surprise que Peti m’attendait à l’aéroport. Je le retrouvais plus épanoui et occupé que jamais, entre une vie sociale équilibrée et un diplôme official de guide de Budapest en préparation, qu’il a décroché sans surprise quelques mois plus tard. Depuis deux ans maintenant, je pense avoir réussi à m’intégrer à cette communauté d’amis qu’il m’a présentée mais surtout à une culture qui, en étant très différente de la mienne, m’a permis de mieux définir mon identité. C’est avec eux entre autre, que j’ai pu sillonner les routes du Lac Balaton, gouter à mes premiers turorudi, expérimenter la vie nocturne alternative de Budapest, appris à chanter ce qu’a repris à merveille Freddie Mercury, la chanson « Tavaszi Szél" en concert en 1988 à Budapest, comprendre les méandres de la bureaucratie hongroise, la politique controversée de Viktor Orbán, sauter à l’élastique au festival Sziget, ou ressentir cette euphorie surprenante de l’eau de vie fruitée locale.

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Quand je suis revenue en Hongrie, je laissais derrière moi une famille aimante, des amis précieux, un pays et une culture riches en tout point de vue. La Hongrie m’a offert bien plus, une liste de souvenirs et de détails qui, je pense, sans le hasard de cette rencontre, ne m’aurait pas amené jusque la, jusqu’a la personne que je suis aujourd’hui. Je comprends peu à peu pourquoi j’avais cette image nostalgique et quelquefois pessimiste des hongrois. Peti continue aujourd’hui de me raconter des anecdotes de l’histoire, des détails de la vie quotidienne d’une population en transformation, traumatisée par le souvenir des guerres,  se tournant très timidement vers l’Europe et la reconstruction. Et c’est tout naturellement qu’il incarne ce que j’espère voir dans les prochaines générations : la valorisation de l’histoire, mais l’épanouissement d’une jeunesse qui se cherche encore,  et l’espérance d’un futur stable et meilleur.

 

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Et un goulash ! Un !
Il y a cent ans, naissait Weöres Sándor

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samedi 18 mai 2024