Il y a 100 ans, le 22 juin 2013, naissait dans la petite ville de Szombathely Sándor Weörös (prononcer: chandor veureuche). Celui qui allait devenir l'un des plus grands poètes hongrois a commencé très tôt à composer ses premiers vers: ses premiers poème ont été publiés alors qu'il n'avait que 15 ans!
A 18 ans Weörös publie dans la célèbre revue littéraire hongroise Nyugat (l'Ouest), il se lie d'amitié avec d'autres grands poètes: Kosztolányi et Babits. Le poète a travaillé comme bibliothécaire, durant le stalinisme ne pouvant pas publier ses poèmes il s'est tourné vers la traduction. Weörös a, entre autre, traduit des oeuvres de Kipling, Garcia Lorca, Shakespeare, Mallarmé et Molière.
Le génie de Weörös a été reconnu de son vivant, cet artiste prolifique était très apprecié des hongrois. Il s'est éteint en 1989 à Budapest. Plusieurs de ses poème ont été mis en musique
Malheureusement l'oeuvre de ce poète d'exception n'est que peu connue du public francophone par les compositeurs Ligeti, Kodály et Eötvös ainsi que par le groupe hongrois Kaláka.
A ma connaissance les seuls poèmes de Sándor Weörös publiés en français l'ont été dans le recueil suivant. J'ai également trouvé des traductions de poèmes de Weörös sur ce site et ce site. Voici également une version en musique de poèmes de Weörös chantés par Palya Bea.
Et pour finir voici 2 poèmes de Weörös en français:
Si l'on te demande qui tu es, dis ceci
Je suis de l'espèce du vent,
du cours du fleuve,
de la goutte de pluie,
du volt d'oiseau
et du claquement des sabots sur le plancher.
Mais le vent est-ce l'air ?
Le courant et la goutte sont-ils l'eau ?
Le vol est-il l'oiseau
et le claquement des sabots sur le plancher est-il de bois ?
Car le vent s'interrompt,
l'air non,
mais sans vent il est mort.
L'oiseau s'est échoué,
s'est déguisé de neuf
et dissipé en cent nouvelles formes –
son vol pourtant n'a pas duré
sans qu'il se soit perdu.
Je ne sais rien de plus sur moi
et pourquoi savoir plus
car je ne serais plus le même
si j'en savais davantage.
Je ne suis pas encore entier
et quand je pourrai l'être,
je serai plus afin
d'être tout en moi-même.
Je ne suis pas encore
et je ne vivrai pas :
je serai plus complet
que la vie, une fois mort.
Dis cela, si l'on te demande qui tu es.
VALSE TRISTE
Il est si froid, ce soir d'automne.
Le corps des brindilles frissonne.
Le chant des vendanges s'éteint.
Le vieux se cache dans son coin.
Brouillard, église et colline.
Sur la tour, seul un feu brille.
Un réseau liquide et noir
Traverse les champs du soir.
Les chants de l'été s'éloignent,
Le vieux se cache dans l'âtre.
Si noir, ce soir automnal!
Les corps des buissons ont mal.
Et le cœur de l'homme grelotte
Etés meurent l'un après l'autre.
Qu'ils soient d'hier ou d'autrefois,
Les souvenirs sont creux et froids.
Tout arbre a la fievre rouge,
La fille pleure en son bouge.
Et tes lèvres de carmin
En bleu, le vent froid les teint.
Oh! d'hier ou d'autrefois,
Que les souvenirs sont froids!
Le cœur de l'homme grelotte –
Chaque été ressemble à l'autre.
Les corps des buissons ont si mal!
Le froid retombe sur le val
Et dans les cœurs un glas résonne
– Il est si froid ce soir d'automne!