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L'église Mathias de Budapest


Découvrir Budapest Buda La Colline du Château de Buda

Sur la place de la Trinité s'élève l'un des édifices les plus imposants et les plus importants du Château et de Buda, officiellement appelé église Notre-Dame de Buda mais communément désignée sous le nom d'église Mathias (qui est celui que nous emploierons nous-mêmes). Cette église que Béla IV fit mettre en chantier dès après la fondation de la ville (les travaux durèrent de 1255 à 1269) fut la première de la colline du Château. Elle fut d'abord chapelle royale puis devint l'église paroissiale de la population allemande de Buda.

En 1308, elle fut le théâtre d'un grand événement. C'est en effet là que se fit couronner pour la seconde fois roi de Hongrie Charles-Robert d'Anjou (Carobert). En effet, selon la coutume hongroise médiévale, seul pouvait être considéré comme souverain véritable du pays celui qui avait été couronné dans la basilique de Székesfehérvár par l'archevêque d'Esztergom, en portant la couronne de saint Etienne, le premier roi de Hongrie.

A la fin du XIVe et au début du XVe siècles, elle fut remaniée et pourvue de trois nefs gothiques, puis dans les années 1470, Mathias Corvin la fit encore agrandir en lui ajoutant l'oratoire royal et sa magnifique tour Sud, que l'on peut admirer en partie aujourd'hui encore.

L'édifice était alors pratiquement terminé, et on ne lui apporta ultérieurement que de petites modifications.

De 1541 à 1686, pendant l'occupation ottomane, les Turcs en firent leur grande mosquée, puis après la reprise de Buda, ses nouveaux propriétaires, les jésuites, s'efforcèrent de remplacer par des boiseries et des ornements baroques ceux que les Turcs avaient détruits ou sur lesquels ils avaient fait main basse. L'édifice connut plusieurs incendies dévastateurs et fut aussi frappé plus d'une fois par la foudre, ce qui fait qu'au XIXe siècle, non seulement il présentait un curieux mélange de styles, mais encore il était en passablement mauvais état. On décida alors de la rénover. C'est un architecte génial, Frigyes Schulek, qui fut chargé des travaux. Il commença par supprimer les ajouts mineurs, puis il reconstruisit l'édifice dans le style néo-gothique qu'il a aujourd'hui. L'impression d'ensemble est très prenante, et si le style du tout est en gros homogène, les éléments anciens qui ont été respectés dans diverses parties de l'église évoquent les différentes grandes phases de son histoire.

La tour Nord, dite « Tour de Béla », a conservé le style du milieu du XIIIe siècle, de même que le grand portail, tandis que la tour Sud, la « Tour de Mathias », a vu son beau fût gothique entièrement rénové et a été pourvue d'une nouvelle et imposante flèche néo-gothique. Les tuiles de la toiture sont vernies en couleur selon la coutume du XVe siècle, et les détails architecturaux de valeur qui ont pu être sauvegardés, comme le Portail de la Vierge , qui date de 1370, ont été remis à leur place originale après avoir été complétés. C'est par ce portail que les visiteurs pénètrent dans l'église. Dans le hall, on peut voir au-dessus de la porte un bas-relief également de 1370 représentant la mort de la Vierge. Malheureusement, seule la moitié environ est originale. On la reconnaît à ses couleurs plus claires. Quant aux ajouts, ils se distinguent du reste par leur teinte brunâtre, conformément aux principes de la protection moderne des monuments historiques.

A l'intérieur, la vue d'ensemble se présente intégralement telle qu'elle a été conçue lors de la rénovation du siècle dernier. Les voûtes aplaties de la partie postérieure et l'escalier de l'entrée sont dans le style du XIIIe siècle, et ils sont complétés à droite de fonts baptismaux néo-romans. L'espace principal, par contre, est une vaste salle gothique à trois nefs, celle que possède l'église depuis le XIVe siècle.

Les murs sont couverts de peintures ornementales très riches en motifs qui imitent les vestiges gothiques qui ont été retrouvés et les complètent. Les motifs en question encadrent des espaces picturaux dans lesquels les fresquistes du XIXe siècle ont représenté, outre les classiques scènes empruntées aux Ecritures, les événements les plus importants de l'histoire hongroise. Bien que l'ornementation soit partout uniforme, on remarque à deux mètres de hauteur, sur le mur latéral de droite, une ligne ondulée qui frappe après tant de lignes droites. On croit voir, non pas une peinture murale, mais un rideau oublié là à l'époque où les Turcs utilisaient la cathédrale comme mosquée. Et de fait, il y avait bien là un rideau, derrière lequel se plaçaient les femmes pour suivre le rite.

Les vitraux du XIXe siècle que l'on peut voir dans la partie supérieure du mur représentent des scènes de la vie de sainte Marguerite et de sainte Elisabeth (qui étaient toutes deux des princesses de la maison royale hongroise des Árpád), ainsi que des épisodes de la vie de la Vierge. De même que les peintures murales de l'église, les vitraux sont dûs à des artistes en vue de l'époque (Károly Lotz, Bertalan Székely).

Les chapelles latérales et les absides contiennent des autels et des décorations néo-gothiques du XIXe siècle, et la chaire date de la même époque. Elle est ornée de représentations des quatre Evangélistes et des quatre Pères de l'Eglise sur le devant et les côtés, et est couronnée d'une statue du Bon Pasteur. C'est Frigyes Schulek qui en dessina les plans.

Les drapeaux que l'on peut voir dans la nef sont ceux qui représentaient les différents comitats de Hongrie lors du couronnement de François-Joseph de Habsbourg en 1867, occasion pour laquelle Frans Liszt composa sa célèbre Messe du Couronnement. C'est aussi pour l'église Mathias que Zoltán Kodály écrivit son « Te Deum du château de Buda », dont la création y eut lieu, tout comme la première audition de la Messe de Liszt. La cathédrale possède aujourd'hui encore une excellente acoustique et de très bonnes orgues.

On a aménagé dans l'oratoire et sous le chœur un musée où l'on peut admirer des objets du culte médiévaux et autres, ainsi que différentes reliques. (C'est notamment là que sont conservés les trônes du couronnement et les ossements retrouvés dans les tombeaux royaux de Székesfehérvár, qui sont réunis dans un sarcophage de marbre).

Tout le monde fut donc enthousiasmé par l'église rénovée, et l'architecte put lui aussi savourer le résultat de son travail. Mais il n'y avait guère autour de la cathédrale qu'une « sortie du Château » comparable à la sortie d'un village, avec des murs tombant en ruines et un étroit escalier descendant vers le Danube.

L'église Mathias avait besoin d'un cadre digne d'elle, sans parler du fait que l'on était alors en 1899, autrement dit à une époque où Pest, sur l'autre rive, s'était développé et embelli lui aussi à un point tel qu'il fallait absolument lui trouver un pendant du côté de Buda. On conçut alors un vaste projet, celui d'un nouveau bastion qui serait pourvu de terrasses panoramiques d'où les gens de Buda pourraient admirer les nouveaux joyaux de Pest: le Parlement, la basilique Saint-Etienne, la promenade des bords du Danube et les élégants ponts qui venaient d'être construits.

L'église Mathias de Budapest